Fès : que sont nos fontaines devenues ?
Quand j'étais encore enfant, j'habitais dans une maison dotée d'une fontaine directement alimentée par une eau de source. Tout le quartier bénéficiait de cette manne abondante et gratuite. Quand on circulait dans les rues de Fès, le murmure de l'eau accompagnait nos pas. Mais avec les problèmes de sécheresse, de pollution ou de détournement, cet âge d'or est désormais révolu. Plusieurs sources ont tari et les fontaines sont dans leur grande majorité à sec quand elles ne sont pas en état de détérioration avancée.
De nos jours, le promeneur qui arpente les artères de la médina se rend bien compte de cet état de fait. Il n'est plus possible, sauf exception rare, d'étancher sa soif en s'arrêtant à une fontaine. Les quelques fontaines bien ouvragées encore opérationnelles ne courent pas les rues.
Sur un tout autre plan, certaines fontaines s'inscrivent dans le patrimoine architectural de la ville. Je pense à titre d'exemple à la fontaine qui se trouve aux abords de la porte monumentale de Bab Guissa (aujourd'hui bien à sec) ou encore celle qui agrémente la place Nejjarine et qui coule encore comme pour ne pas démentir la carte postale et/ou les souvenirs photographiques des touristes de passage...
Mais le problème que je voudrais soulever est le suivant : plusieurs fontaines qui relèvent par leur décor soigné du patrimoine de la ville sont aujourd'hui victimes d'un phénomène pernicieux : celui d'être complètement squattées par des marchands sans scrupules qui accrochent leurs marchandises sur la moindre parcelle de mur disponible et jusque dans le moidre recoin ou niche possible...Cet effet pernicieux du commerce informel ou non enlève toute visibilité à ces fontaines qui passent ainsi inaperçues. Il faut attendre la nuit, quand ces marchands ont retiré leurs encombrantes marchandises ou parfois le vendredi jour de repos, pour pouvoir re-voir ces fontaines sans leur voile intégral imposé...
Je pense que les autorités de tutelle devraient apporter une solution à ce problème en interdisant ce genre d'appropriation abusive et dévalorisante de l'espace public. Ces pratiques ne vont pas sans détérioration à cause, par exemple, de l'accrochage par insertion de clous dans les zelliges, le bois ou le platre sculptés...etc.
Il est temps de désigner une sorte de brigade spéciale (comme la brigade touristique) avec la charge de veiller au respect de la visibilité et de l'intégrité du patrimoine de la ville.
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