Comment être à Carrefour et au moulin
J'ai entre les mains le dépliant publicitaire de ce que l'on annonce comme étant le mall de Fès qui arrive au triple galop et à point nommé juste après celui du grand Casablanca. Les chiffres sont éloquents: Sous le logo "Borj Fez" (Fez en anglais s'il vous plaît) se trouvent réunies pas moins de 80 enseignes commerciales. Au chapitre restauration, on aligne une quinzaine de gargottes modernes dans la mouvance du fast food.
Ce mall s'étend sur une superficie globale qui avoisine les 25.000 m². La-dessus, le centre commercial Carrefour prend ses aises dans un large espace de 6000 m².
Sur le dépliant, on peut lire : Borj Fez est le centre commercial nouvelle génération, de la ville millénaire. Fusion parfaite d'un design contemporain avec l'esprit spirituel et culturel de Fès, Borj Fez est la promesse de moments privilégiés seul, en famille ou entre amis."
Que l'esprit qui a rédigé ces trois lignes qui ratissent large m'explique en quoi l'incitation à la consommation à outrance rime avec spiritualité et culture !
L'installation d'un nième hyper marché dans le paysage urbain de la cité idrisside ne va pas sans risque de défiguration de ces traditions qualifiées de millénaires. Car ces grandes surfaces (Marjane, Acima, Label Vie, Metro, Carrefour...etc.) constituent un véritable cheval de Troie du grand Capital et des multinationales destiné à plus ou moins long terme à tuer le petit commerce de proximité qui constitue pour une large part le charme désuet mais ô combien convivial et chaleureux de la médina.
En me promenant le long des artères de la ville nouvelle, je n'ai pas manqué de relever tout un tapage médiatique autour de l'ouverture de ce grand temple de la surconsommation. Pour soigner sa communication, Carrefour n'a pas lésiné sur les moyens.
En m'approchant du site en question j'ai pu me rendre à l'évidence : la campagne publicitaire a bien porté ses fruits! Et à en juger par l'engouement aveugle et sans bornes de la foule dense et compacte qui converge de toutes parts vers l'entrée principale, il me semble qu'il est bien difficile de résister au rouleau compresseur de cette modernité consumériste.
Mon bien pauvre Aycha Baitaite, le mall est fait et tu n'es qu'un vieux clown ratatiné et rabat-joie...
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